31/10/2011
30/10/2011
A good synopsis from Liberation
La dette, une affaire d’Etat
Déjà en 1897, le pays était sous tutelle. De l’influence ottomane à l’adhésion à l’euro, l’historien Nicolas Bloudanis balaie le passé pour mieux éclairer la faillite actuelle.
Un sans-abri et la police grecque postés devant le ministre des Finances, à Athènes, le 27 septembre. (John Kolesidis / Reuters)
Il y a un malentendu grec au sein de l’Union européenne. Alors qu’il ne viendrait à l’idée de personne d’évoquer l’Empire romain en parlant de l’Italie de Silvio Berlusconi, rares sont ceux qui ne font pas le lien entre la Grèce antique et la Grèce moderne. Comme si le glorieux passé des Grecs leur avait donné une traite sur le présent. C’est ainsi pour son «apport à la civilisation européenne» que Valéry Giscard d’Estaing obtint, en 1981, l’adhésion de ce pays à la CEE alors qu’il ne remplissait aucun des critères nécessaires. En 2002, Athènes fut admise dans l’euro quasiment pour les mêmes raisons alors que tout le monde savait pertinemment qu’elle n’était économiquement pas prête. Et aujourd’hui, on n’hésite pas à invoquer les mânes d’Aristote pour justifier le coûteux sauvetage financier d’un pays en faillite. Pourtant, la Grèce moderne, dont l’histoire débute avec l’indépendance de 1828, n’a plus grand-chose en commun avec la Grèce antique : quatre siècles d’occupation ottomane sont passés par là.
L’historien grec Nicolas Bloudanis, 54 ans, qui vit à Patmos (l’île où fut déporté l’évangéliste Jean qui y écrivit l’Apocalypse), vient de publier Faillites grecques : une fatalité historique (éditions Xérolas). Il est aussi l’auteur d’une Histoire de la Grèce moderne, 1828-2010, mythes et réalités (Xérolas). Il propose une vision décapante de l’histoire grecque moderne, débarrassée de ses clichés nationalistes, éclairant d’un jour nouveau la crise de la dette publique qui menace la stabilité de la zone euro.
Peut-on dire que la Grèce est un pays sans Etat ?
Il y a un Etat en Grèce, mais il fonctionne par intermittence. Cela a été le cas, par exemple, du lendemain de la guerre civile, en 1950, à la fin de la dictature des colonels en 1974. Mais chaque fois que l’Etat a plus ou moins bien fonctionné, il s’agissait d’un Etat autoritaire où les libertés politiques et civiles étaient limitées. Sans parler des années de dictature, il y a eu des périodes de l’histoire grecque où l’Etat était tenu par une très forte personnalité, comme Elefthérios Venizélos au début du siècle ou Constantin Caramanlis dans les années 50-60. Dans la mémoire collective grecque, l’Etat est donc un Etat autoritaire dont il convient de se méfier.
La Grèce est sous tutelle européenne. Or, ce n’est pas la première fois qu’elle se retrouve dans cette situation…
Effectivement, après la faillite de 1893, la Grèce a été mise sous tutelle en 1897 par ses créanciers, soit principalement la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, ce qui a eu un effet positif, même si 10% de sa population a émigré. La tutelle de l’époque, qui a pris la forme d’une Commission financière internationale (CFI) installée à Athènes et chargée de contrôler directement le budget de l’Etat, a permis de construire un Etat. La situation financière et économique s’est améliorée, les détournements et abus qui caractérisaient la Grèce de l’époque (entre 1828 et 1892, 75% du total des emprunts ont été détournés par la classe politique) ont été limités et le pays a pu emprunter à nouveau pour effectuer d’importants travaux d’infrastructures qui faisaient cruellement défaut, l’Empire ottoman n’ayant pas laissé grand-chose derrière lui.
Surtout, une bourgeoisie moderne et un capitalisme local ont pu enfin émerger : elle a pris le pouvoir en 1909 en portant à la tête du gouvernement, Elefthérios Venizélos, le chef du Parti libéral. Une nouvelle Constitution a permis d’assainir la vie politique et la justice, l’administration a commencé à être purgée de ses éléments corrompus, des réformes sociales ont été votées (impôt sur le revenu, réforme agraire, etc.). La société grecque s’engage enfin sur la voie de la modernisation.
Mais la guerre contre la Turquie a stoppé net ce mouvement…
La Grèce voulait achever la libération des territoires (Macédoine, Epire, Crète…) et des populations grecques encore sous domination ottomane. Les guerres balkaniques, qui débutent en 1912 et s’achèvent par le traité de Londres en 1913, ont été des succès : le territoire triple de taille et la population passe de 2,5 millions à 5 millions.
La Première Guerre mondiale permet encore de s’étendre en Thrace et en Anatolie (autour de Smyrne), la côte Turque actuelle. Mais cette «Grande Grèce» réveille le nationalisme turc. Une nouvelle guerre se termine par un désastre : le traité de Lausanne de 1923 signe la perte de Smyrne et de la Thrace et 1,2 million de Grecs vivant en Asie mineure depuis deux millénaires doivent s’installer dans une Grèce ruinée par dix ans de guerre. Imaginez le choc : 1,2 million de personnes pour une population de 5 millions. Surtout, cet afflux de population venue d’Asie mineure a ramené la Grèce aux traditions orientales de ses débuts, un siècle plus tôt : leur esprit levantin, fait d’habilité, de compromis et de finesse, mais aussi de passivité et d’indifférence politiques, fruits de la réalité de l’Empire ottoman du XIXe siècle, a renforcé le clientélisme et la corruption qui commençaient à s’estomper.
La classe politique grecque acquiert à cette époque les traits qui la caractérisent encore aujourd’hui.
Cette classe politique commence alors à se préoccuper davantage du maintien de son pouvoir et des privilèges qui en découlent, que de l’intérêt de l’Etat. Elle acquiert sa «conscience» propre lors des périodes de dictature, comme celle du général Métaxas, en 1936-1940, ou des colonels, entre 1967 et 1974 : ces régimes autoritaires constituent en effet de rudes concurrents pour les politiciens, notamment au niveau des privilèges et des possibilités d’enrichissement réservés aux détenteurs du pouvoir. Tant avant la guerre qu’au début des années 70, on a vu se développer une convergence d’intérêts et une solidarité entre factions politiques auparavant ennemies, et qui avaient perdu leurs privilèges…
Après le rétablissement de la démocratie en 1974, une partie de la gauche grecque, jusque-là pestiférée du fait de la guerre civile (1946-1949), a aussi été intégrée dans la «famille». A de rares exceptions près, cette situation n’a pas changé. Aujourd’hui encore, alors qu’on demande d’énormes sacrifices à la population, les députés et politiciens de tous bords refusent obstinément de baisser leurs salaires, pourtant démesurés, ou de se défaire d’un iota de leurs privilèges.
La seconde faillite, celle de 1932, est-elle due à cette impéritie de l’Etat ?
Je ne l’affirmerai pas. La période 1929-1932 a été, économiquement parlant, beaucoup plus difficile que ce que nous vivons aujourd’hui et de nombreux Etats ont fait faillite, comme l’Autriche, la Bulgarie, ou même l’Allemagne. La Grèce ne pouvait en outre se permettre de dilapider la totalité des crédits étrangers qu’elle avait obtenus entre 1924 et 1930, car la plupart de ceux-ci étaient gérés par la Société des nations et servaient au reclassement des 1,2 million de réfugiés de 1922-1923.
Par ailleurs, l’Etat grec restait formellement sous tutelle : la Commission financière internationale créée en 1897 a en effet siégé à Athènes jusqu’en 1936. Peu de pays dans la situation de la Grèce auraient pu s’en sortir différemment. Finalement, les gouvernements grecs ont négocié chaque année le service de la dette avec les créanciers et en ont assuré entre 30 et 45%. Les procédures de remboursement ont par la suite été redéfinies en 1944-1945 et se sont terminées en 1969.
Les Américains, lors du plan Marshall, se heurtent aussi à la «réalité grecque»…
En 1947-1949, les Etats-Unis, comme condition de leur aide financière, ont exigé un assainissement des pratiques économiques et de la situation sociale du pays. Paul Porter, qui était à la tête de la commission chargée de l’évaluation de la situation grecque en 1947-1948, décrit ainsi l’état du pays dans son rapport au Congrès : «Le niveau de vie extrêmement bas de la population est le facteur principal de la tension sociale qui caractérise la Grèce. L’économie se trouve au point mort, alors que des sommes fabuleuses sont englouties dans des opérations financières frauduleuses et pour l’importation de produits de luxe. Le gouvernement n’a d’autre politique que de mendier sans cesse l’aide étrangère afin de maintenir son pouvoir et préserver les intérêts de la clique de marchands et de banquiers… décidée à défendre à tout prix ses intérêts sans se préoccuper de ce que cela peut coûter au pays.» Evidemment, monsieur Porter était un homme du New Deal.
Le traitement de choc qu’infligent à la Grèce depuis deux ans l’Union européenne et le Fonds monétaire international est-il adapté à ce pays ?
La structure économique de la Grèce, largement étatisée, l’apparente davantage aux pays d’Europe de l’Est sortant du communisme au début des années 90. Il faudrait donc plutôt lui appliquer les recettes qu’on a utilisées pour les anciennes «démocraties populaires» en transition, notamment en privatisant les entreprises publiques et en réduisant drastiquement la taille de la fonction publique. Il faut aussi s’attaquer à l’immunité fiscale dont jouissent les professions libérales et l’Eglise orthodoxe. Accabler les citoyens de taxes nouvelles, alors même que le système fiscal ne fonctionne que très imparfaitement, ne sert pas à grand-chose sinon à alimenter le sentiment d’injustice sociale pour ceux qui ne peuvent échapper à l’impôt. Faute d’avoir posé le bon diagnostic, le malade reçoit un traitement inadapté et son état s’aggrave à l’inverse de ce qui se passe, par exemple, en Irlande.
L’économie grecque n’est donc pas une économie de marché ?
Ce n’est pas une économie de marché fonctionnelle, même s’il existe en Grèce, à côté du secteur public, un secteur privé important. Le problème est qu’il est essentiellement composé d’entreprises minuscules (entre un et dix travailleurs), qui vont de la taverne à la petite manufacture en passant par l’artisan. Il y a aussi quelques grandes entreprises privées, surtout dans l’armement maritime, qui, parce qu’elles sont en contact avec l’économie mondiale, fonctionnent efficacement. Mais elles sont une exception. Tout le reste de l’économie est contrôlé par l’Etat.
Comment en est-on arrivé là ?
Jusqu’à la fin des années 70, la Grèce n’était pas vraiment une exception en Europe. C’était alors le règne de «l’économie mixte de marché», l’Etat contrôlant un grand nombre d’entreprises, que ce soit en France ou en Grande-Bretagne. Au début des années 80, ce modèle, à tort ou à raison, a été remis en cause par l’idéologie libérale venue des pays anglo-saxons et cela a conduit à un reflux de l’Etat du secteur économique.
Ce mouvement a eu lieu partout, sauf en Grèce. Sans doute parce que l’Etat grec a dû suppléer tout au long de l’histoire moderne du pays aux défaillances du capital local qui a rarement investi sur place : l’Etat a dû créer lui-même des entreprises ou des infrastructures industrielles.
Le pire est que la Grèce, petit pays dépendant totalement de son environnement international, a même navigué à contre-courant en étatisant davantage son économie à partir de 1981, avec l’arrivée au pouvoir du Pasok (Parti socialiste) d’Andréas Papandréou, le père de l’actuel Premier ministre. Ainsi, entre 1981 et 1985, pas moins de 230 entreprises ont été nationalisées. Aujourd’hui, l’Etat emploie directement ou indirectement 45% de la population active. En France, il y a certes eu les nationalisations de 1982, mais on a reprivatisé à partir de 1986.
Cette étatisation n’a pas été un succès…
C’est même un échec patent. Les entreprises publiques sont peu compétitives et innovantes : il faut dire qu’elles comptent un personnel pléthorique bien mieux payé que les salariés du privé, mais largement incompétent car nommé selon des critères politiques. Pis : elles sont quasiment cogérées par les syndicats qui ont leur mot à dire sur les choix stratégiques, mais sans que leurs représentants en aient la capacité. Le bilan de la politique économique du Pasok est catastrophique. Les seuls points positifs sont le chômage réduit, puisque l’Etat a créé des dizaines de milliers d’emplois «fictifs», et mis en place une sécurité sociale relativement avancée.
Le Parti socialiste a donc une forte responsabilité dans le dérapage des comptes publics grecs ?
Andréas Papandréou a construit un «socialisme à crédit». Mais il n’est pas le seul responsable : la droite est tout aussi étatiste que le Pasok. Autant dire que la crise de la dette publique ne date pas de 2009, même si les marchés ont mis du temps à s’apercevoir qu’il y avait un problème. La classe politique grecque a toujours dramatiquement confondu revenus et emprunts. Surtout depuis que l’adhésion de la Grèce à l’euro, en 2002, lui a permis d’emprunter presqu’aux mêmes conditions que l’Allemagne.
Rares sont ceux qui ont essayé de réagir. Il faut bien comprendre que la classe politique ne veut pas d’une remise en cause de cette politique étatiste, car elle permet de se constituer des clientèles politiques. On ne vote pas pour des idéologies en Grèce, on vote pour celui qui vous aidera matériellement. Les partis politiques sont d’ailleurs structurés autour de grandes familles : fils, neveux, protégés restent fidèles à l’ancien. Ainsi, on peut trouver au sein du Pasok, le parti qui a le plus dirigé le pays ces trente dernières années, des gens de sensibilité d’extrême droite, mais qui y sont fidèles par tradition familiale. Ce système clientéliste, qui est la base de la société grecque, date du XIXe siècle et de l’indépendance.
En 2002, la Grèce n’aurait donc pas dû entrer dans la zone euro ?
Objectivement, non. Mais en 2001, l’Allemagne et la France, qui voulaient qu’il y ait le plus de pays possible dans la zone euro, ont fait pression sur la Commission pour qu’elle puisse les rejoindre. Cela étant, cette adhésion aurait pu faire du bien à la Grèce : jusqu’en 2005, il était encore possible de redresser la situation. Mais le gouvernement de droite de Costas Caramanlis junior (neveu de Constantin Caramanlis), élu en 2004, n’a strictement rien fait par peur de déplaire à sa clientèle : aucune privatisation, aucune réduction de la fonction publique, aucune réforme de l’Etat n’ont eu lieu.
Et lorsque le Pasok est revenu au pouvoir en octobre 2009, il était trop tard : la situation budgétaire échappait déjà à tout contrôle. Aujourd’hui, l’appartenance de la Grèce à la zone euro est un fait : la tutelle fédérale qu’elle subit, conséquence directe de son choix pour l’Europe, peut être positive. Elle va l’obliger à bâtir un Etat de droit, une économie de marché digne de ce nom et en finir avec les illusions sur la soi-disant «réalité grecque» qui excusait toutes les dérives.
Μέρος συνέντευξης του Στ. Φασουλή στο Νικόλα Ζώη (07/2011)
Την επικαιρότητα την παρακολουθείτε στενά; Και αν ναι, μέσα απ’ τα παραδοσιακά μέσα, ή μήπως και μέσα από blogs, socialmedia κ.λπ.;
Την παρακολουθώ θέλοντας και μη, όπως όλοι μας. Μέσα από εφημερίδες το ραδιόφωνο, την τηλεόραση, αλλά και από το ίντερνετ. Δεν διαβάζω blogs γιατί δεν μου αρέσει η γλώσσα που μιλούν τώρα. Νομίζω ότι πρέπει να παρέλθει μια δεκαετία για να καταφέρει να ξεπεράσει τον εαυτό της. Τη χρησιμοποιούν μάλλον αυτοί που βρίσκουν ευκαιρία να μιλήσουν, ενώ ουδέποτε είχαν μιλήσει κάπου, και πια ανακαλύπτουν τον τρόπο, χάνουν όμως το μέτρο. Αρχίζει πάντως και δημιουργείται μια καινούργια γλώσσα σιγά σιγά, που θα κάνει τα πράγματα καλύτερα, και τον καθένα να μιλάει πιο απελεύθερα. Το άκουσμα της δεν θα οφείλεται σε πίεση που σκάει μετά από αιώνες δεν θα προέρχεται από τη σκέψη «α, τώρα θα πω την άποψη μου γιατί είμαι κάποιος». Γιατί μ’ αυτό τον τρόπο, το «είμαι κάποιος», το ότι γίνεται κανείς σημαντικός υπερισχύει της γνώμης του. Και τις περισσότερες φορές γίνεται τελικά φαφλατάς κυνικός ή υβριστής
Σήμερα ωστόσο, κάποιοι αναζητούν τρόπους να πουν τη γνώμη τους, για να κάνουν αισθητή και τη δική τους ύπαρξη.
Τους καταλαβαίνω. Αλλά αυτό είναι σημαντικό όταν είναι γνήσιο. Όταν είναι κοπαδηδόν, είναι μόδα. Όλοι κάνουμε πράγματα για να κάνουμε αισθητή την παρουσία μας. Από εκεί και πέρα, το θέμα είναι το πώς Με φόνο, ή με αγάπη; Μ’ ένα έγκλημα ή με μια παράσταση; Και οι δύο είναι αισθητές παρουσίες – και του δολοφόνου και του ποιητή. Ενίοτε μπορεί να εμφανίζονται και ταυτόχρονα. Αλλά διαλέγεις. Ή διαλέγει η ζωή για σένα.
Απ’ όσα ακούτε γύρω σας σήμερα, ποιος είναι ο μεγαλύτερος φόβος που σας δημιουργείται;
Δυστυχώς όλοι οι φόβοι μου έχουν βγει αληθινοί. Και όσους περισσότερους έχω, τόσο βγαίνουν. Όλη αυτή την κατάσταση στη χώρα τη φοβόμουν χρόνια. Φοβόμουν πάρα πολύ ότι θα ξεφουσκώσει όλο αυτό. Όχι ότι θα συναντήσει τον οικονομικό αλγόριθμο που θα το οδηγήσει στη σημερινή του μορφή. Απλώς ήταν ένας φόβος, μια αγωνία ότι κάποια στιγμή θα μείνουμε στο δρόμο.
Τι κάναμε λάθος;
Όλα τα κάναμε λάθος, δεν είδα και τίποτα να κάνουμε καλό. Εκτός από δυο-τρεις καλλιτέχνες δυο-τρεις επιστήμονες – και όχι καριέρας αλλά ερευνητές. Ο κρατικός μηχανισμός δεν λειτούργησε ποτέ. Ο ψηφοφόρος δεν λειτούργησε ποτέ σαν ψηφοφόρος αλλά σαν πελάτης. Και οι δύο πλευρές είναι επομένως συνυπεύθυνες και ο πολιτευτής και ο πολίτης που ήθελε να εξαγοράσει την ψήφο του. «Ναι, ωραία» σκεφτόταν, «εγώ ψηφίζω, δώσε μου κι εσύ κάτι». Δεν ήταν ψήφος εμπιστοσύνης αυτό, ήταν ψήφος ανταλλαγής. Και είναι γελοίο ότι εδώ και δύο αιώνες, όποιο κόμμα ανέβει στην εξουσία βάζει τους δικούς του δημοσίους υπαλλήλους φτιάχνοντας ένα δημόσιο υδροκέφαλο. Το οποίο είναι εναντίον του ίδιου του λαού που το ζήτησε. Και εναντίον των πολιτικών, οι οποίοι υπέκυψαν σ’ αυτό το αίτημα και το ικανοποίησαν απλόχερα.
Μήπως γι’ αυτό φταίει απλώς το ότι η Ελλάδα είναι ένα μικρό χωριό στο οποίο όλοι γνωρίζονται μεταξύ τους;
Δεν το γνωρίζω. Μου αρέσει όμως πάρα πολύ μια φράση του Κώστα Μητρόπουλου, στα Νέα. «Η ύφεση», λέει ο Μητρόπουλος «άρχισε την 25η Μαρτίου 1821, στις δέκα το πρωί, στην Αγία Λαύρα».
Αν είχατε τη δύναμη, ακόμα και θεϊκή στην περίπτωση μας, τι θααλλάζατε στη χώρα;
Α, δεν νομίζω ότι μπορώ ν’ αξιωθώ κάτι τέτοιο. Κι ύστερα, κανείς δεν μιλάει για την Ελλάδα πια, κανείς δεν μιλάει για τον τόπο, κανείς δεν τον ξέρει. Ξέρει πρώτα τον εαυτούλη του, μετά λίγο την οικογένεια του και ως εκεί. Ο τόπος δεν υπάρχει πια και θα το δεις ότι δεν ενδιαφέρεται κανείς για αυτόν. Δεν αναφέρεται πουθενά, δεν υπάρχει μέσα μας σαν έννοια, όπως ούτε και κανένας συνεκτικός δεσμός μεταξύ των Ελλήνων. Δεν έχουμε κοινά συμφέροντα, δεν έχουμε κοινούς μύθους, κοινή γλώσσα. Ένας αχταρμάς, όλο μονάδες, μονάδες, μονάδες, δέκα εκατομμύρια μονάδες, οι οποίες δεν μπορούν να συνδεθούν με τίποτα Για αυτό φταίμε όλοι μας. Δεν είναι μόνο θέμα κυβερνήσεων, είναι και θέμα νοοτροπίας.
29/10/2011
2500 χρόνια πριν...
...the song remains the same όπως θα λέγαμε στα Ελληνικά:
"Πως εσύ, αγαπητέ µου, όντας Αθηναίος πολίτης της πιο µεγάλης και της πιο φηµισµένης για τη σοφία της και τη δύναµή της πόλης, δεν ντρέπεσαι να φροντίζεις για τα χρήµατα, πως θα αποκτήσεις περισσότερα, και για τη δόξα και τις τιµές, και να µην ενδιαφέρεσαι ούτε να νοιάζεσαι για τη φρόνηση και την αλήθεια και την ψυχή σου; "
(Απολογία Σωκράτη)
"Πως εσύ, αγαπητέ µου, όντας Αθηναίος πολίτης της πιο µεγάλης και της πιο φηµισµένης για τη σοφία της και τη δύναµή της πόλης, δεν ντρέπεσαι να φροντίζεις για τα χρήµατα, πως θα αποκτήσεις περισσότερα, και για τη δόξα και τις τιµές, και να µην ενδιαφέρεσαι ούτε να νοιάζεσαι για τη φρόνηση και την αλήθεια και την ψυχή σου; "
(Απολογία Σωκράτη)
20/10/2011
Αθεράπευτα παράλογοι
Επήλθε κόπωση από την επανάληψη στάσεων και συμπεριφορών του παραλόγου, στο διηνεκές. Εδώ και τριάντα πέντε χρόνια, κάποιες ευάριθμες ομάδες –κυμαίνονται γύρω στα εκατό άτομα– δημιουργούν βίαια επεισόδια στη διάρκεια των διαδηλώσεων. Δεν θα ηθικολογήσουμε ούτε θα πολιτικολογήσουμε επί του θέματος. Απλώς επισημαίνεται ότι «ασφάλεια» υπάρχει μόνον εντός του χώρου που περιφρουρεί το ΚΚΕ. Αφού η χώρα οδηγήθηκε ως σε αυτό το σημείο, ερρέτωσαν το εθνικό κράτος και οι αξίες του. Ας ανατεθεί η δημόσια ασφάλεια στους πολεμίους του αστικού συστήματος. Αυτή είναι η πρώτη ένδειξη υψίστης παρακμής.
Υπάρχει όμως και δεύτερη. Καλών προθέσεων πολίτες προτρέπουν επιμόνως τα δύο κόμματα εξουσίας –Νέα Δημοκρατία και ΠΑΣΟΚ– να συνεργασθούν προς σωτηρίαν της Ελλάδος. Πιστεύουν προφανώς ότι οι δυνάμεις που αντιτίθενται στην πρόοδο και στον εκσυγχρονισμό –συνδικαλιστές, συντεχνίες κ.λπ.– θα αναγκασθούν εκ των πραγμάτων να υποκύψουν όταν επικρατήσει ομοφροσύνη σε ανώτατο πολιτικό επίπεδο.
Υπό την πίεση αυτών των προτροπών, ο πρωθυπουργός κ. Γιώργος Παπανδρέου κάλεσε προ ολίγων μηνών σε συνάντηση τον φίλο του από το παρελθόν και αρχηγό της Ν.Δ. σήμερα κ. Αντώνη Σαμαρά και λέγεται ότι συμφώνησε να παραιτηθεί και να ορίσουν από κοινού πρωθυπουργό και υπουργικό συμβούλιο προς σωτηρίαν της Ελλάδος. Αλλά κατ’ άλλους ο κ. Σαμαράς προέβη σε άκαιρες διαρροές, κατ’ άλλους ο κ. Παπανδρέου πιέσθηκε από τους στενούς του συνεργάτες και υπαναχώρησε. Προχθές, η ίδια σκηνή επαναλήφθηκε, σε μια εκδοχή πιο απαράδεκτη, από άποψη αισθητική τουλάχιστον, και δημιουργήθηκε η εντύπωση ότι δύο «παλιοί φίλοι» ακκίζονται ως έφηβοι, και ο λόγος είναι ότι κανείς από τους δύο δεν επιθυμεί συνεργασία στη φάση αυτή. Είναι εξαιρετικά αμφίβολο εάν η συγκυβέρνηση μπορεί να σώσει τη χώρα, που επί της ουσίας έχει χρεοκοπήσει ήδη. Είναι αμφίβολο εάν οι «δυνάμεις της αντιδράσεως», όπως αποκαλούνται από τους «εκσυγχρονιστές», πεισθούν από τη συνεργασία των κ. Σαμαρά και Παπανδρέου, και συνταχθούν με την πολιτική δραματικής μειώσεως των εισοδημάτων τους. Πολύ περισσότερο η συνεργασία των δύο κομμάτων δεν θα διαφοροποιήσει το περιεχόμενο του μακροπρόθεσμου σχεδίου, στη διαμόρφωση του οποίου δεν συμμετέχει η κυβέρνηση του κ. Παπανδρέου. Ο μεγαλύτερος κίνδυνος που αντιμετωπίζει η χώρα είναι μήπως η απόπειρα βίαιης εναρμονίσεως οδηγήσει σε εξέγερση κοινωνική, όχι βεβαίως της μορφής των χθεσινών επεισοδίων. Ακρως ανησυχητική είναι και η κλιμακούμενη αντιπαράθεση με τη Γερμανία, που εκλαμβάνεται ως κατοχική δύναμη στην οποία ο ελληνικός λαός στο σύνολό του οφείλει να αντισταθεί, όπως συνέβη και στο παρελθόν. Κάποιοι με άλλα λόγια οραματίζονται ένα νέο ΕΑΜ, προσαρμοσμένο στις σημερινές συνθήκες. Το μεγαλύτερο ίσως πρόβλημα είναι ότι ένα «σχέδιο σωτηρίας», ανατρεπτικό της σημερινής τάξης πραγμάτων αντιμετωπίζεται με τρόπο νηπιακό.
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